vendredi 24 octobre 2008

LE FUTURISME

15 Oct 2008 - 26 Janv 2009

Beaubourg
A l'occasion du centenaire de la publication du "Manifeste du Futurisme", le Centre Pompidou explore les riches heures de ce mouvement littéraire et artistique, en présentant jusqu'au 26 janvier 2009 "Le Futurisme à Paris - une avant-garde explosive". Une exposition dense pour (re)découvrir la première avant-garde du XXe, qui prônait l'amour de la vitesse et du monde moderne, et eut un impact considérable sur le cubisme. Petit avant-goût en images.


Vouloir trop coller aux concepts d’un mouvement artistique pour imaginer la scénographie d’une exposition qui lui est consacré n’est pas toujours une bonne idée. « Le Futurisme à Paris. Une avant-garde explosive », qui vient d’ouvrir ses portes au Centre Pompidou, est la parfaite illustration de cet écueil. En théorie, l’exposition a été montée pour expliquer en quoi le Futurisme italien eut une influence essentielle sur toutes les avant-gardes européennes en rayonnant depuis Paris, où ce groupe exposa chez Bernheim Jeune en 1912 après avoir publié son manifeste en 1909 dans "Le Figaro". En pratique, au centre de l’exposition, en face du visiteur qui pénètre dans un hall quasiment vide, prennent place les œuvres d’Umberto Boccioni, Carlo Carra, Luigi Russolo et Gino Severini, celles là même qui furent exposées chez Bernheim Jeune et qui firent connaître les futuristes aux Parisiens (ces toiles proviennent toutes de la salle futuriste du MoMA de New York, vidée pour l’occasion). Et le visiteur se rue dans ces deux salles pensant y trouver le début du parcours. Raté, il s’agit en fait des salles 4. Avant cela, il aurait du voir sur sa gauche : « Le cubisme vu par les futuristes » où, allez savoir pourquoi, ne sont exposés que des Picasso, des Braque, deux Gleizes, un Delaunay et deux Metzinger, « Le manifeste du Futurisme » qui présente sous vitrine le texte fondateur du mouvement et ses traductions et enfin, l’installation contemporaine visuelle et sonore commandée à Jeff Mills, l’un des pionniers de la musique techno américaine, dont on a du mal à comprendre ce qu’elle vient faire à ce moment du parcours. Il faut donc attendre la salle 5 pour revenir à un déroulé plus linéaire avec un clin d’œil assez plaisant : la salle, qui fait face à la butte Montmartre et à la basilique, s’appelle « Manifeste futuriste contre Montmartre » en référence au texte du plus ardent prêcheur français du Futurisme, Félix Del Marle. Puis chacun est mis dans sa boite. A l’exception de la salle consacrée à l’ « hybridation » où le Futurisme et le Cubisme se rencontrent enfin, les courants, qui pourtant s’en inspirent, ne fraient pas les uns avec les autres : la Section d’or reste avec la Section d’or, le Cubo-Futurisme russe avec le Cubo-Futurisme russe et ainsi de suite. Pour une exposition qui s’attache à montrer les interpénétrations et l’« européanité » des avant-gardes, c’est un parti pris assez étrange. Il reste au final que ce principe de scénographie, rayonnante et un peu vide, perturbe plus qu’il ne guide, que la sobriété archi-contemporaine de l’accrochage est un peu triste et que la vraie raison d’aller voir cette exposition tient dans quelques unes des œuvres qui y sont accrochées, celles du MoMA bien sûr, mais aussi un des Nus descendant l'escalier de Marcel Duchamp ou deux Malevitch prêtés par les musées russes. Les Futuristes, qui prônaient dans leur manifeste que « le courage, l'audace et la révolte seront les éléments essentiels de notre poésie » n’auraient vraisemblablement pas trouvé leur place dans cette exposition.


Lucie Agache




L’exposition « Le Futurisme à Paris. Une avant-garde explosive » a lieu au musée national d’Art moderne, jusqu’au 26 janvier. Renseignements : 01 44 78 14 63 et www.centrepompidou.fr

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